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Enquête pédagogique en Afrique du Sud
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6 septembre 2010

Témoignage de Zolani 1/3

MON PAYS EST UN MIRACLE !

Rencontrée pour une interview plutôt musicale à l’occasion de la sortie du nouvel album de son groupe Freshlyground, la chanteuse Zolani Mahola nous a aussi abondamment parlé de son pays, de son histoire et de son avenir. Beaucoup de ce qu’elle nous a confié entrait directement dans le cadre des témoignages que nous recherchions pour Ubumi. Informée de notre projet, elle a immédiatement accepté d’y contribuer.

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SEPARATIONS ET VIOLENCES DE L’APARTHEID

Zolani est Xhosa. Elle vient de Port-Elizabeth, ou plutôt de l’un des townships qui l’entourent pour être plus précis. Elle est née 13 ans avant l’élection de Mandela et peut donc nous livrer son expérience d’enfant noir sous l’apartheid. Ce qu’elle raconte illustre parfaitement la séparation extrême des communautés, les réalités bien différentes, selon que l’on était blanc ou noir. « La vie des townships dans les années 80 était marquée par la violence. Il y avait de véritables scènes de guerre, des scènes qu’on ne pouvait voir qu’à Sarajevo par exemple, ou dans des pays où les gens se rebellaient contre le gouvernement. Les policiers jetaient des gaz lacrymogènes sur les gens. Ça, c’était la réalité de l’Afrique du Sud des townships. En même temps, dans les quartiers blancs, à quelques kilomètres de ces « guerres », les gens avaient une vie paisible. Ils avaient une bonne noire qui s’occupait de leurs enfants, alors que ses enfants à elle étaient livrés à eux-mêmes dans les townships. »

Un autre aspect de l’apartheid que Zolani explique assez bien est la violence morale du régime et de ses exécutants : « Sous l’apartheid, les hommes noirs devaient travailler dans les villes [les quartiers blancs]. Chez eux, ils étaient les chefs, mais lorsqu’ils allaient au travail et qu’ils rencontraient des officiers de police qui leurs demandaient leur « pass », ils se faisaient appeler « boy » [garçon], même lorsque l’officier était plus jeune qu’eux. Les hommes noirs devaient en revanche leur répondre «Yes boss » [Oui chef]. Ça c’est quelque chose ! D’autant qu’à l’âge de 13 ans, les jeunes Xhosa partent un mois dans la nature, ils doivent survivre seuls. S’ils réussissent cette initiation, ils deviennent des hommes. C’est une réelle fierté. Il n’est plus question de les appeler « boy ». Le faire revient à les humilier. De même, dans la culture xhosa, quand on respecte quelqu’un, on ne le regarde pas dans les yeux. Mais les policiers blancs soutenaient toujours leurs regards. Chaque jour, ces hommes devaient ravaler leur fierté et se laisser humilier de la sorte. »

La suite demain, et après demain!

Interview menée par Antoine Gazeau, rédigée par Julie Marchand.

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  • Après 2 séjours d'1 an en Afrique du Sud depuis 2005, nous repartons cette fois pour 3 mois, pour un tour du pays à la rencontre de Sud-Africains souhaitant répondre à nos questions sur le vivre-ensemble dans une société multiculturelle.
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