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Enquête pédagogique en Afrique du Sud
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12 mai 2010

Extraits de l’interview de Linda Naicker

Toujours à Pietermaritzburg, dans le KwaZulu Natal, Philippe Denis nous a permis de rencontrer Linda, l’une de ses étudiantes. Comme beaucoup de Sud-Africains pauvres sous l’apartheid, elle a commencé à travailler dès la fin du lycée. Ce n’est qu’en 2006, à l’âge de 37 ans, qu’elle a repris ses études et prépare aujourd’hui une thèse sur les couples mixtes pendant l’apartheid…

Linda a tout de suite été enthousiaste à l’idée de participer au projet. Elle a tenu à nous faire découvrir sa culture, à nous faire rencontrer sa famille et nous a accueillis pendant toute une journée chez elle. Plus qu’une interview, ce fut une belle rencontre. Une rencontre qui ne restera pas sans lendemain puisque Linda est désormais membre d’Ubumi et se charge d’interviewer un jeune de son quartier pour nous !

Voici quelques extraits de son interview :

“I’m a South African Indian”

linda

L’apartheid

Pendant l’apartheid, nous n’avions pas réellement conscience de l’oppression tant le système était intelligemment enraciné dans les esprits. Et la propagande nous empêchait de voir ce que l’apartheid était réellement.

Pour autant, ma génération était plus militante que celle de mes parents. Nous, on réalisait qu’on était opprimés. Il faut dire que la qualité de l’éducation que nous avons reçue était sensiblement supérieure à la leur. Par exemple, mes parents ne sont jamais allés au lycée. Nous, nous posions plus de questions. On s’interrogeait sur le fait qu’il n’y avait que des blancs à la TV. Eux, ils admiraient les blancs. Il y a là un conflit de génération !Linda

Ma tante aimait un homme blanc et ils avaient tous deux des enfants métis. Ils devaient se voir en cachette car il leur était interdit de vivre ensemble. C’était condamné par « la loi sur l’immoralité » : les couples mixtes étaient tous simplement hors la loi. Je me souviens que ma tante avait toujours peur d’être vue avec ses propres enfants quand elle se promenait avec eux dans la rue, parce qu’ils avaient la peau très blanche. Elle avait peur que la police pense qu’ils n’étaient pas ses enfants et qu’on découvre qu’elle était en couple avec un blanc…

La libération

C’est lors de ma visite de Robben Island [là où Mandela a été emprisonné pendant 18 ans (sur 27)] que le jour où Mandela a été libéré a pris tout son sens.  J’ai vu la carrière de chaux où il travaillait dans des conditions très difficiles avec les autres prisonniers politiques et c’est en y déposant une pierre en signe de respect que j’ai fait de deuil de ma haine. Je me suis dit « Qui suis-je pour ne pas pardonner si lui, après 27 ans d’emprisonnement en est capable ? » J’ai alors décidé de travailler pour l’humanité, de faire que les choses changent. Et pour ça, il fallait que je reçoive d’abord une vraie éducation, c’est pour cette raison que j’ai repris mes études. Je ne pouvais pas m’investir sans les compétences nécessaires.

robben_island_quarry

L’avenir

Mon souhait pour l’avenir serait que la pauvreté soit éradiquée. Parce qu’elle est à l’origine de nombre de nos problèmes : la violence envers les femmes, le Sida, le démantèlement des familles, la criminalité, etc.

Je ferai de mon mieux, comme beaucoup d’autres ici, pour contribuer à la réussite de la nouvelle Afrique du Sud. Je suis partagée quant à l’avenir de mon pays : d’un côté, il est vrai que les gens reçoivent une meilleure éducation, de l’autre, la majorité d’entre nous demeure pauvre. Ce qui me permet de rester positive, de garder espoir, ce sont les gens.

linda_s_family

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  • Après 2 séjours d'1 an en Afrique du Sud depuis 2005, nous repartons cette fois pour 3 mois, pour un tour du pays à la rencontre de Sud-Africains souhaitant répondre à nos questions sur le vivre-ensemble dans une société multiculturelle.
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