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Enquête pédagogique en Afrique du Sud
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14 avril 2010

Simphiwe

Rencontre avec Simphiwe, du township d’Alexandra, à Johannesburg.

Pretty___Simphiwe

Molweni ! [1]                                                                              

Je m’appelle Simphiwe Stemela. J’ai 17 ans. Je suis Xhosa et viens de l’Eastern Cape. Mes parents ont déménagé à Joburg quand j’étais très jeune. J’ai donc grandi dans le township d’Alexandra, où j’y ai appris à parler zulu, la langue utilisée avec tous mes amis noirs du township, quelque soit leur ethnie. C’était facile à apprendre : dans le township, les gens sont rarement chez eux, ils sont plutôt dans la rue ; c’est là que j’ai appris cette langue, en discutant et en jouant avec mes amis. A la maison, par contre, je parle xhosa avec ma famille, notre langue maternelle. Et au lycée, je parle anglais. C’est dans cette langue que les cours sont dispensés, depuis le CP.

Simphiwe

J’ai choisi la filière scientifique et passerai mon bac cette année. Les matières que je vais passer au bac sont : la géographie, les sciences physiques, la biologie, Life Orientation [2], les maths, le xhosa et l’anglais. Je les ai choisies dès la seconde et c’est là que j’ai pu abandonner les cours d’histoire.

Tous les matins, du lundi au samedi, je me lève à 5 heures pour revoir mes cours et partir au lycée. Les cours commencent à 7 heures et se terminent à 16 heures. Il faut dire que j’ai choisi un programme grâce auquel j’ai des cours supplémentaires, pour pouvoir être meilleur et avoir plus de chances d’aller à l’université. Le soir, je me couche assez tard, minuit, parfois 2 heures, parce que le township est assez animé le soir jusqu’à 22 heures voire 23 heures et je n’arrive pas à me concentrer avant qu’il ne devienne calme. J’habite dans un « shack », une maison faite de taules et de matériel de récupération, ce n’est donc pas très isolé et nous sommes très nombreux dans ce township sur un petit territoire.(NDLR : Il y a, à Alexandra, entre 350 000 et 500 000 habitants sur 7,5kms²). Autant dire qu’on vit les uns sur les autres et que dans ces conditions, ce n’est pas évident de travailler. Mais je m’accroche et travaille dur. Je fais partie des 10 meilleurs élèves de mon lycée !

Dans mon lycée, les élèves sont d’origines différentes Xhosa, Zulu, Pedi mais il n’y a ni Coloureds ni Blancs. Je n’ai en fait jamais l’occasion de rencontrer des Sud-Africains blancs ou coloured. Même quand on organise des rencontres inter-lycées, c’est toujours avec des lycées noirs. Mais sans doute qu’à l’université j’en rencontrerai.

Je sais que ma mère serait heureuse si je sortais avec une fille blanche. Elle est un peu vieux jeu dans le sens où elle pense encore que les blancs sont supérieurs aux noirs… Mais moi, je ne pense pas que je sortirai avec une blanche un jour. Elle ne me ferait sûrement pas confiance et moi, je ne serai pas à l’aise. Il faut dire qu’on ne voit jamais de blancs à Alex’. On ne se connait pas bien qu’on soit tous autant sud-africains les uns que les autres.

Simphiwe_3Héritage de l’apartheid

Je ne pense pas que nous ayons besoin de prendre notre revanche sur les blancs. Tout ce dont nous avons besoin, c’est de plus d’égalité, et l’éducation est la seule chose qui le permettra. Aujourd’hui, nous n’avons plus d’excuses pour ne pas réussir : si on est pauvre, on ne paye pas de frais de scolarité, ni l’uniforme ni la nourriture. Il faut saisir cette opportunité.

Mes parents n’aiment pas parler de l’apartheid. Ils préfèrent aller de l’avant.

Points communs

Qu’avons-nous en commun avec les autres Sud-Africains ? Peut-être les rituels ? A vrai dire, je ne sais pas. Je ne connais pas vraiment de blancs. Tout ce que je sais sur eux, c’est qu’ils veulent toujours nous aider.

Futur

Je suis optimiste en ce qui concerne le futur de ce pays. Les gens ont envie de s’en sortir, ils font avancer les choses. Mon souhait pour l’avenir serait que l’université soit accessible à tous, y compris les pauvres.

[1] = Bonjour à plusieurs personnes en Xhosa

[2] Une heure par semaine, depuis le collège jusqu'à la Terminale, les jeunes Sud-Africains suivent un cours de life skills ou life orientation (littéralement qualités de vie ou orientation de vie) depuis l'avènement de la démocratie. On y parle de cultures, religions, sécurité, nutrition, sexualité, orientation professionnelle, etc.


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Commentaires
H
Belle rencontre! Quelle maturité... Vas-y Simphiwe, on est avec toi! Julie nous donnera sûrement de tes nouvelles.
L
Ca fait du bien de lire des témoignages comme ceux-là, qu'ils en prennent de la graine nos p'tits français!
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  • Après 2 séjours d'1 an en Afrique du Sud depuis 2005, nous repartons cette fois pour 3 mois, pour un tour du pays à la rencontre de Sud-Africains souhaitant répondre à nos questions sur le vivre-ensemble dans une société multiculturelle.
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